Ces petits riens qui font toute la différence

Mon ami Joakim m’a dit un jour en parlant de son pays natal “En fait, il n’y a pas de grosses différences avec la France, seulement tout un tas de petits détails qui créent le dépaysement”. Suivant cette ligne directrice, voici une vision des États-Unis au travers de tous ces petits détails qui nous font tiquer, sourire, ou froncer les sourcils.
Amuse-gueules
– rêve de banquise: Aux États-Unis, Les glaçons sont synonymes de luxe. Toute boisson commandée dans un bar ou un restaurant (même un simple verre d’eau) vous sera systématiquement servie dans un verre plein de glace. Les frigos distribuent de la glace. Il existe des distributeurs de glace dans la rue, et dans les épiceries, on ne trouve généralement pas de boissons à température ambiante, seulement présentées dans une longue rangée de frigos à porte transparente. Pour ceux que cela laisse froid, sachez que, d’après les estimations, l’eau et l’énergie gaspillées pour la production de glace ou la réfrigération non consommées satisferaient la demande d’un pays pauvre de plus de 10 millions d’habitants (comme Haïti par exemple)
– Des films qui croustillent: Manger au cinéma est ancré dans la culture américaine. Pendant les séances, environ la moitié de la salle déguste croustillants popcorns, sucreries et même des plateaux-repas.
– Le sac pour chien: La section nourriture ne serait pas complète sans le fameux « Doggy-bag » qui évite beaucoup de gâchis (au moins pour moi, qui n’arrive jamais à finir les portions locales). Pour votre culture générale, sachez toutefois que le mot « Doggy bag » n’existe pas en anglais; On demande simplement « à emporter ».
Les food-trucks: A Los Angeles, il existe un véritable engouement pour les « food-trucks »: La version mobile de nos camions à sandwichs et à pizza. La variété est impressionnante (sandwicherie, fruits et légumes, indien, burgers, viennoiseries…) et pour en avoir gouté certains, la qualité est parfois surprenante. Le succès de certain est tel que les files d’attentes sont interminables. D’autres sont même équipés d’un GPS. Il est ainsi possible de localiser en temps réel sur internet son food-truck favori.
Le nerf de la guerre
– la relation au billet vert: Principale jauge de réussite sociale, l’argent a une place centrale dans la culture américaine. Si en Europe, on reproche souvent aux américains d’agir comme si l’argent leur donnait tous les droits, c’est justement parce qu’aux US, il ouvre bien plus de portes. Par exemple, un billet au videur d’une boite de nuit vous permettra d’entrer sans passer par la file d’attente. Un autre dans un restaurant vous donnera la priorité sur les personnes ayant réservées. Par rapport à l’hexagone, parler argent ou salaire n’a rien de tabou, et il est accepté d’offrir une enveloppe de billets comme cadeau. Bien sûr, une société où tout s’achète crée des comportements abusifs. J’ai fréquemment entendu « Je ne prends pas les transports en commun, c’est dangereux, il n’y a que des pauvres! ». Dans le même état d’esprit, certaines personnes refusent les cartes de fidélité/réduction arguant que « c’est pour les pauvres ».
– Êtes-vous prêts? Le système monétaire américain est basé sur les prêts. Que vous vouliez une voiture, faire des études, acheter une maison, subir une intervention chirurgicale, les coûts impliquent des emprunts. Aussi la vie de l’américain est-elle jalonnée de crédits. Il existe une base de donnée -l’historique des crédits- qui recense pour chaque individu les crédits qu’il a eu, qu’il a, ainsi que le passif des paiements. Dès lors, quoi de plus naturel que d’accepter ou refuser un prêt en fonction du bon déroulement des crédits passés, chaque nouveau paiement effectué à temps faisant grimper votre cote de payeur de confiance et vice versa. Bien sûr, ce merveilleux système n’est pas conçu pour les étrangers qui n’ont jamais fait d’emprunts. Leur historique de crédit étant vide, ils ne sont pas des personnes de confiances et tous prêt leur est refusé. Ainsi on assiste à la délicieuse situation de voir ces mêmes personnes prendre de petits prêts dont ils n’ont pas besoin ou de faire inutilement des achats à crédit pour accroître leur historique de crédits et obtenir un prêt plus important.
– une société de services: Il existe de nombreux petits boulots qui ont disparus depuis 50 ans en France, tels que les valets de parking, la personne qui met vos courses dans des sacs au supermarché, ou la personne en charge des friandises dans les cinémas. Si cela créé des emplois et un confort certain, le revers de la médaille est une certaine addiction au service. Par exemple les autoroutes sont jonchées de pneus éclatés, les gens n’étant pas habitués à en vérifier la pression eux-mêmes.
– les systèmes de paiement basés sur la confiance: Malgré l’importance de l’argent dans les mentalités, de nombreux systèmes sont basés sur la confiance. On citera entre autres les kiosques à journaux, une boite où l’achat d’un journal donne accès à la pile entière. Également le métro aux barrières toujours ouvertes et les campings où l’on paye dans une boite aux lettres. Cependant, les contrôles deviennent plus fréquents.
– le cash back: Tous les supermarchés proposent la possibilité de vous pourvoir en liquidités si vous payez par carte de crédit, ajoutant la somme désirée au montant de vos courses. Un service qui fait des distributeurs une chose du passé.
Bonnes manières
– La culture cinéma: La culture audio-visuelle des 50 états est impressionnante. En termes d’importance, elle est comparable à la culture gastronomique française. Il est rare qu’une conversation soit exempte de références cinématographiques. Même le journal télévisé compare certaines situations à des scènes de films!
– Superstition : Les croyances paranormales sont très rependues aux US, et particulièrement à Los Angeles du à son incroyable tolérance pour l’inhabituel. Les voyants sont innombrables et ont pignon sur rue. Les anecdotes abondent. Ainsi ont peu y trouver une boutique de nécromancie, des chasseurs de fantômes professionnels aussi bien équipés que acteurs de « ghostbusters » (http://www.ghostrescuers.com/; http://csgr.us/), une carte tout à fait sérieuse des sites hantés de L.A. (http://creepyla.com/blog/creepylas-map-of-haunted-los-angeles/). La police a aussi fait appel à des voyants pour de nombreuses affaires de disparitions et les chefs de gangs en consultent fréquemment. A tel point qu’il est maintenant commun de mettre les voyants sur écoute pour piéger certains gangs. Je vous le dis : « La vérité est ailleurs ».
– La délation. Peut-être la seule chose qui m’horripile vraiment. Aux États-Unis la délation est vivement encouragée par les autorités, comme le prouvent emails, panneaux publicitaires, et signalisation que l’on ne manque pas de recevoir ou de croiser. Il s’agit d’un véritable devoir citoyen. Et les gens s’en donnent à cœur joie. Le gérant de la résidence, la sécurité de l’entreprise, ou la police sont appelés, si vous restez 5 minutes après l’heure limite dans la piscine, si vous oubliez vos clefs (oui, vous êtes forcement louches), ou si votre pack de bière dépasse de votre sac. Certains individus particulièrement zélés vous demandent mêmes qui vous êtes (« Rémi…et toi ? »), ce que vous faites dans ce bâtiment (« ben, j’habite là »), et réclament vos papiers (« Je les ai laissé en gage à mon dealer »). Un vrai sport national, je vous dis! Pour quand les jeux olympiques ?
– Frigocracie. Il faut le savoir, le frigo est du domaine public. Dès l’instant ou vous invitez quelqu’un à enter chez vous (même le plombier), il devient libre de se faire un sandwich ou de se prendre une bière au frais sans demander la permission.
– Tabaco-régressif. Amis fumeurs, qu’on se le dise, le tabagisme, ce n’est pas politiquement correct, c’est globalement mal-vu. Bref, c’est pour les bads boys.
– Humour: L’américain est généralement d’un caractère franc et direct. Aussi, en matière d’humour, le premier degré prévaut et l’ironie reste souvent incomprise (Oui, toutes mes blagues tombent à plat).
– Défouloir: Il est autorisé par la loi d’insulter les agents de police.
Bonne conduite
– Les comportements au volant: De façon générale, la conduite aux US est bien plus décontractée et civique qu’en France. Par exemple, tout le monde s’arrête systématiquement pour les piétons. Par contre, le clignotant est relégué au rang de simple objet décoratif (bien plus qu’en France). Également, tout le monde fait des excès de vitesse, la police de la route (ou « shérif ») étant moins sévère sur cette infraction que les autres et les radars automatiques inexistants.
– Les autoroutes: Les autoroutes, qui peuvent atteindre 7 voies (de chaque côté) sont impressionnantes et méritent quelques mots. En ville, la circulation y est toujours chargée (ou embouteillées aux heures de pointes). Il est toléré de  doubler par la droite comme la gauche, ce qui donne un aspect souvent chaotique à la circulation mais étrangement, cause relativement peu d’accidents. En Californie, elles sont gratuites, donc moins entretenues. En conséquence, le revêtement est toujours de très mauvaise qualité.
– Les conducteurs non assurés: Un nombre très important de personnes roulent sans être assurées. En cas d’accident, elles prennent la fuite ou déclarent franchement ne pas être solvables. Dans ce cas, une personne assurée paye les réparations de son véhicule qui que soit le responsable de l’accident. Pour parer à cette nuisance, il existe des assurances couvrant les conducteurs non assurés.
– Mon royaume pour un parking: Il n’existe pas d’impôts locaux et l’essentiel des revenus des communautés provient des parkings payants et amendes. En conséquence, le système est très bien organisé et sans pitié: Parkings comme amendes sont chers et sujets à une régulation capable de déconcerter un juriste chevronné. De plus, dès le petit matin, une petite armada de dépanneuses sillonnent les rues à la recherche de véhicules en infraction. Enfin, pour éviter que tout le monde se gare sur les parkings des supermarchés, beaucoup payent des « agents de parking » qui appellent la fourrière si vous vous garez sur leur parking sans faire de courses dans leur magasin.
– Vous êtes vraiment chauffeur de taxi? La licence d’un taxi se paye quotidiennement 365 jours/an. Ainsi, les chauffeurs de taxi en weekend-end ou vacances prêtent souvent leur taxi à des amis du moment qu’ils remboursent la redevance. Vous pouvez donc vous retrouver dans un taxi conduit par une personne qui ne connait pas la ville et se perd, ne parle pas anglais, n’est pas assurée…
remi.

A propos zabinette

Passionnée de voyage, de photo et de plongé sous-marine
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